« Schwizer Nati ! »
Traduction : c’est en gros « Allez la Suisse » en dialecte suisse-allemand ! Il se trouve que j’étais allé assister à Suisse-Turquie à Berne. Un match de barrage épique qui nous qualifiait pour le mondial de 2006. Ce cri de guerre m’était resté !
Nous étions à présent aux seuils des quarts de finales. On s’était donnés rendez-vous avec les amis sur une terrasse d’un restaurant à Genève, dans un lieu connu pour sa terrasse et écran géant où ils passent les matchs. Le pays entier était en effervescence. « Schwizer Nati ! » je chantais comme pour fédérer la foule… sur le dos d’un pote en faisant le tour des tables !

« C’est qui ce fou ? » s’était dit cette belle femme qui était là avec son père et ses amis.
La Suisse avait perdu, de manière horrible aux penalties. La terrasse se vidait, soudain, de manière cruelle et impitoyable. J’ai dit au dernier ami qui était encore présent « Allez on boit un dernier verre, c’est trop dur. ».
J’ai regardé en direction de cette femme, Sandrine, que je n’avais pas encore vue… Est-ce la plus belle femme que je n’avais jamais vue… ? Certainement.
Elle est venue nous rejoindre à notre table, pour trouver un peu de réconfort et partager nos déboires. A ce moment, le Terre aurait pu arrêter de tourner… Son regard me disait que ma vie allait prendre un nouveau destin. Sans même échanger un seul mot… Pour elle ce fut un peu différent, mais ça ne prit que quelques minutes pour réaliser que j’étais l’homme de sa vie… Nos échanges de regards, tout en refaisant le monde, nous firent tomber raides dingues l’un de l’autre ! Elle avait été aussi touchée de me voir, avec mon drapeau rouge à croix blanche, et mon engagement pour son pays, même dans la défaite. Moi, qui venait d’Andalousie, cette région qui l’avait faite rêver depuis toute petite…

Normandie
Ce fut notre premier voyage. J’avais depuis longtemps envie de vivre cette expérience.
Un départ en TGV, elle s’était endormie contre mon torse, dans ce wagon bondé de gens qui nous regardaient parfois.
Honfleur, l’Etretat… Quelle région magnifique. « Comment mange-t-on ces choses ? » avait dit ma blonde au serveur. Je parle de son côté blond, plus loin ! « Avec votre aiguille à bigorneaux Madame. ».
Mais si nous étions là, c’était aussi pour visiter les plages du débarquement. Je ressens encore cet instant, devant la plage de « Omaha Beach », nom de code des alliés. A l’endroit où la brèche s’est ouverte. Après des vagues et des vagues d’assaut, où les soldats tombaient sous le feu des mitrailleuses nazis …. On entendait un groupe de touristes demandant des questions futiles à une guide. Après un moment de recueillement, on s’était enlacés les deux, fort, sans avoir besoin de rien dire, pendant de longues minutes
Premier décollage pour l’Espagne
Il devait être à peine six heures du matin. Une nuit quasiment blanche passée à imaginer ce premier voyage en Espagne et de lui présenter ma famille. Que d’émotion ! Les lueurs du jour étaient encore bien loin devant nous. La pluie ruisselait violement contre les hublots de l’avion qui avait mis les gazes à fond. Une fois en l’air, des turbulences vives secouaient l’appareil. Comme un présage de futurs passages douloureux que nous devrions traverser, comme souvent chez les couples fusionnels. Nous nous regardions, un brin inquiets, une main dans celle de l’autre. Nous irions ensemble, jusqu’au bout de notre histoire, quelle qu’elle soit.
Après deux heures, nous avions atterri à Malaga. Il avait un peu plu ici aussi. L’air était pur et on sentait la moiteur bienfaisante de la mer. Quelques flaques éparses sur le tarmac éclairé par un soleil encore timide, sur lequel Sandrine s’est agenouillée en embrassant enfin son sol andalou …
Nous prîmes ensuite le car pour nous rendre à Grenade. Une curieuse expérience nous attendait déjà. Il se trouve que le chauffage du véhicule s’était bloqué sur le niveau maximal. Il faisait une chaleur suffocante, qui allait rendre le trajet impossible à vivre. Les gens se plaignaient et des vannes fusaient de partout. Ici on adore dire les choses en plaisantant, en toutes circonstances ! « Qu’est-ce qu’ils disent ? Dis-moi, dis-moi ! » me demandait Sandrine avec ses yeux expressifs. C’était le début d’années à servir de traducteur, ce que je faisais avec un énorme plaisir. La conductrice qui avait l’apparence d’un sergent major était à bout de nerfs et arrêta heureusement le véhicule. Un nouveau car vint nous prendre !
Grenade, la famille, la mer
Nous entrions dans la ville de Grenade. Sandrine regardait partout admirative. « Oh comme c’est beau, mon Dieu. J’ai l’impression d’être d’ici, c’est incroyable… Je pourrais y vivre. ». « Bon, prête pour rencontrer ma famille ? » lui dis-je. « Oh là là » me répondit-elle toute émue.
On sonna à la porte de chez mon cousin qui ouvrit avec sa femme Yolanda.
On aurait dit que les deux femmes se connaissaient comme des sœurs !
Malgré la barrière de la langue, elles commencèrent à se raconter et raconter des choses, une vie entière à se raconter ! Mon cousin et moi nous nous regardions médusés et si heureux.
Le lendemain nous mîmes le cap sur la côte, dans le petit village de mes vacances. Un village qui pour certaines personnes n’a rien en soi. Mais qui pour d’autres est un petit paradis caché, avec sa plage de plusieurs kilomètres de long, un petit port de pêcheur, des charmants bistrots aux tapas incroyables. Face à la mer, Sandrine éclata en sanglots après toutes ces émotions vécues en si peu de temps. « Pourquoi je n’ai pas connu ça avant… ? ».

Pourquoi je vous parle d’elle ?
Tout simplement parce que mon projet n’aurait jamais vu le jour sans cette rencontre.
C’est quelque part à travers elle que j’ai été motivé à écrire le livre. Elle en a été ma première lectrice. Je lui disais que si ça ne devait servir qu’à une seule personne (elle) je le ferais quand-même.
Séverine, mon illustratrice à Paris, a été touchée par notre histoire et a insisté pour que je la mette un peu en avant, car cela donne du vécu et de l’authenticité.
C’est aussi vrai que vous progressez beaucoup dans une langue avec quelqu’un à vos côtés qui est natif. Je serais ravi d’être en quelque sorte votre coach personnel !
En rencontrant Sandrine, je suis aussi un peu « redevenu moi-même ». Elle m’a immédiatement appelé « Paco » comme m’appelle ma famille en Espagne. Cet ibère qui s’était un peu bridé a ressurgi avec un nouveau souffle, plein d’enthousiasme pour la vie et passionné par l’humain ! J’étais prêt à prendre ma plume et me lancer dans cette aventure !

La vie avec une blonde
C’est une vie assez pimentée je dois dire ! J’aurais d’innombrables anecdotes à raconter.
Une fois nous passions la soirée chez des amis. En plein milieu du repas, Sandrine commence à raconter le weekend surprise qu’elle était en train de m’organiser pour la Saint Valentin. On s’est regardé avec une de ses amies en nous demandant si elle allait continuer jusqu’au bout, sans se rendre compte. Jusqu’à que quelque mon fils craque la regardant avec des yeux écarquillés et lui dise « Tu réalises quand-même qu’il est juste à côté de toi ?! ». Vous auriez dû voir sa tête. On aurait pu la prendre en photo et l’envoyer au Museum of Modern Art à New York !!


Espagne et la mer, notre oxygène
A chaque fois que nous le pouvons, nous faisons une escapade en Espagne, souvent à Malaga car pratique même pour un weekend avec des vols directs pour une immersion en Andalousie. Mais pas que Malaga, également Séville, Grenade, Fuerteventura, Madrid, nous tiennent aussi beaucoup à cœur. Dès que l’on rentre dans le taxi, entendons la radio en espagnol et parlons avec le chauffeur, ça nous met déjà dans un esprit enjoué ! C’est un bonheur de déambuler dans ses rues aux jolies catelles, ses gens respectueux, cet humour qui plane dans l’air, cette manière de voir la vie avec simplicité et bienveillance…
Cet amour pour la mer, m’a poussé à écrire cette poésie
Reencuentro con el mar
Ya estoy aquí, İ muéstrate gaviota !
La ola truena y su espuma flota
De sal y lapislázuli, así me brota
Una lágrima buena, que el poniente sopla
De repente te vi, linda gaviota
Mi ropa se vuela y me alegría explota
Tanto me acordé de ti, de tu playa remota
Del sol que quema, de la bandera rota
Vas y vienes por ahí, libre gaviota
El viento te pasea, hasta la otra roca
O te quedas allí, sobrevolando la popa
Y de tu pico suena, una risa loca